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EXTRAIT DE L'HISTOIRE DE ZADKIEL
Mise en contexte: J'écris des histoires et je participe également beaucoup à de l'écriture collective en ligne. Voici un extrait d'une histoire que j'avais débuté seule. Le personnage principal se nomme Zadkiel. C'est un jeune pirate des années 1715 qui se voit attribué une mission impossible à réaliser.
Le crépuscule se dessinait lentement à l'horizon de la petite ville de Port-du-Roi. Les habitants fermaient lentement les volets de leurs chaumières alors que plusieurs pas retentissaient sur les pierres rondes qui formaient l'une des rues du royaume. Cinq hommes traçaient leur chemin, vêtus de perruques blanches aux boucles tombant de chaque côté de leurs chapeaux rouges. Deux avaient leurs longs fusils à la main, le regard porté droit devant, alors que deux autres tenaient fermement les bras menottés du cinquième. Celui-ci était d'ailleurs nettement différent. Cheveux sombres, peau basanée, vêtements sales et déchirés, le jeune homme se faisait presque trainer en avant par les gardes royaux. Il avait quelques traces de sang au visage et un regard perçant qui ne perdait pas une seule seconde son petit air hautain.
Ils arrivèrent bientôt face à un grand portail de métal encadré de murs immenses et faits de pierre. Après quelques mots avec les gardes qui étaient postés à l'entrée, ils entrèrent, continuant leur marche, trainant le jeune basané sans aucune gêne. Celui-ci serrait les dents d'agacement.
— J'vous ai déjà dit que j'avais rien fait, foutez-moi la paix bande de requins! Cracha-t-il en secouant violemment les épaules.
Mais la seule réponse qu’il eut fût une porte de bois au visage, avant que celle-ci ne soit ouverte par l’un des gardes. On le força à entrer, puis, après avoir traversé deux ou trois couloirs vides, ils pénétrèrent une grande pièce aux tapisseries dorées. Les sourcils froncés, le jeune homme n'eût pas le temps d'observer l'endroit – assez impressionnant - qu'on le poussait à genoux, au sol, sans lui lâcher les bras. Une voix féminine s'éleva alors dans le grand vide de la pièce:
— Ah! Alors, que m'avez-vous donc trouvé?
Une femme, assez grande, vêtue d'un long manteau rouge et or aux froufrous de dentelle blanche, se tenait face au garçon et le fixait avec un sourire. L'un des gardes approcha pour lui murmurer quelque chose à l'oreille. S’en suivit une exclamation satisfaite :
— Intéressant ! Très intéressant.
La femme fit quelques pas en avant, ses talons frappant le sol de bois sans gêne.
— Jeune homme, sais-tu pourquoi tu es ici? Questionna-t-elle alors.
Le prisonnier redressa son regard froncé vers elle.
— Non. Vraiment pas. Jeta-t-il avec agacement, jouant parfaitement la carte de l'incompréhension.
La femme sourit de nouveau. Elle fit un signe à l'un des gardes qui tenait le garçon et celui-ci s'empara de la manche de sa chemise abimée qu'il redressa brusquement, au complet, révélant un tatouage marqué au fer rouge sur la peau du basané. Un "P".
— Vraiment? Tu ne sais pas… pirate?
L’accusé serra alors soudainement la mâchoire, craignant le pire; flagellation, s’il était chanceux. Pendaison, s’il l’était moins. Mais, à son grand étonnement, les gardes le redressèrent et le lâchèrent, avant de sortir de la pièce. Confus, le jeune homme se retrouva seul avec la femme à l'imposante perruque. Que lui voulait-elle donc? Il avait comme l'impression qu'elle révèlerait ses cartes d'une seconde à l'autre.
[...]
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(EXTRAIT DE SCÉNARIO)
DES MONSTRES SOUS MON LIT
Mise en contexte: Scénario rédigé pour mon film de fin de session "Des monstres sous mon lit" racontant l'histoire d'une jeune fille qui se fait lentement assaillir par ses peurs qui sont incarnées par le personnage de l'homme portant un masque de lapin. L'extrait commence après l'un de ses cauchemars et illustre sa confrontation avec "la peur".
[...]
9. INT. CHAMBRE DE LAURA-JOUR
Laura se réveille en sursaut. Elle respire fort. Ses yeux fixent le plafond. Elle s’assoit dans son lit et regarde autour. Laura prend une grosse inspiration les yeux fermés. Elle regarde l’heure qui affiche 6h33.
10. INT. CUISINE-JOUR
Laura met du pain dans le grille-pain et se fait couler un café. Elle voit l’homme-lapin dans le reflet du grille-pain en aluminium. Les toasts ont fini de cuire et font sursauter Laura. L’homme-lapin disparaît. Elle regarde derrière elle et il ne voit rien d’anormal. Elle met du beurre sur ses tranches de pain et va s'asseoir à la table. Elle mange son déjeuner et va sur Instagram. Une multitude de photos de l’homme-lapin défilent sur sa page d’accueil. Laura panique et met brusquement son téléphone à plat sur la table.
11. INT. SALLE DE BAIN-JOUR
Laura se regarde dans le miroir, elle respire fort et rapidement, se tapote le visage et se met de l’eau sur la peau pour se réveiller un peu.
12. EXT. DANS LA RUE-JOUR
Laura court en jogging avec ses écouteurs. Après avoir parcouru un kilomètre, elle s'arrête et reprend son souffle. Elle entend des pas derrière elle et elle retire l’un de ses écouteurs. En se retournant, Laura voit l’homme lapin courir vers elle. Elle recommence à courir à toute vitesse. L’homme-lapin la suit et court derrière elle.
13. INT. ESCALIER DE LA MAISON-JOUR
Laura monte les escaliers à toute vitesse.
14. INT. CHAMBRE DE LAURA-JOUR
Laura saute sur son lit et se met en petite boule. Elle regarde autour d’elle. Elle entend un frottement sous son lit. Elle se penche et voit la tête de l’homme-lapin sortir de sous son lit. Laura crie et recule. Elle retourne lentement à quatre pattes vers le bord de son lit et voit la tête du lapin. Laura retire le masque du lapin. Elle voit son propre visage face à elle.
NOIR
15. EXT. ABRIBUS-JOUR
Laura est devant l’abribus. Trois personnes avec des masques d’animaux sont debout à l’intérieur. Elle met son masque de lapin et va rejoindre les autres personnes avec des masques d’animaux. Elle s’assoit sur le banc. Laura sort de son sac sa tablette et dessine. Les trois personnes masquées sont debout et Laura est assise, la tête baissée sur sa tablette. Puis, les quatre individus sont debout et fixent droit devant.
FIN
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EXTRAIT D'UNE CRITIQUE DE FILM
Critique du film Parasite de Bong Joon-ho (2019) écrite en 2021 pour une revue de cinéma dans le cadre d'un projet de mon cours d'Histoire du Cinéma II.
[...] Parasite est un film qui a reçu un grand nombre de prix, et avec raison. La direction photo est d’une grande beauté avec l’utilisation de la lumière et de l’ombre pour créer un contraste poignant entre les classes sociales. Tout le langage cinématographique, de la mise en scène aux mouvements de caméra, est au service de cette critique des classes et de l'oppression sociale que la population subit. Il est très touchant de voir cette famille en difficulté avancer pour atteindre leur rêve et pourtant sombrer par la suite encore plus profondément sous terre. L’espoir, qui est symbolisé par cette roche que l’ami de Ki-Woo lui remet alors qu’il lui apporte son offre d’emploi, est un thème qui est abordé de façon subtile mais extrêmement habile, puisqu’il est exprimé par les images et les symboliques plutôt que les mots. Le réalisateur réussit parfaitement à nous faire comprendre ce que ressentent les personnages, mais aussi à nous montrer que leurs rêves ne verront probablement jamais le jour. Bong Joon-ho arrive à nous transporter dans son monde et à nous faire vivre l’angoisse et la tristesse des personnages, accrochant le spectateur dans une suite d’évènements de plus en plus terribles qui, on le sait très bien, finiront mal. Pourtant, on ne peut détourner les yeux, animés par ce même espoir qui pousse la famille Kim à ne pas baisser les bras. Ce n’est pas pour rien que Parasite est considéré comme un chef d’œuvre, ayant emporté quatre Oscars en 2020 ainsi que la Palme d’or au Festival de Cannes.
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Extrait d'une critique du film Despues de Lucia de Michel Franco écrite en 2021 pour une revue de cinéma dans le cadre d'un projet de mon cours d'Histoire du Cinéma II.
[...] Despues de Lucia est un film sorti en 2012 réalisé, écrit, monté et coproduit par Michel Franco. C’est un drame francogermano-néerlando-mexicain qui parle principalement de deuil et d’intimidation. Le réalisateur est devenu célèbre grâce à cette œuvre, remportant le prix Un certain regard au festival de Cannes 2012. Par la suite, Michel Franco refit surface en 2017 avec son film Les filles d’Avril qui remporta à nouveau le prix du jury Un certain regard. Le réalisateur offre au spectateur une cinématographie parlant de sujets sensibles et frappants, comme on peut le voir dans Despues de Lucia.
La souffrance constante d’Alejandra, autant émotionnelle que physique, est abordée par les longs plans séquence du réalisateur. La caméra étant souvent positionnée dans le coin d’une pièce ou d’une voiture, le spectateur témoigne des échanges entre père et fille de loin, observant la vie de la jeune femme empirer sans pouvoir rien faire, tout comme son père. Alejandra garde ses sentiments et ses troubles enfouis au plus profond d’elle-même, ne pouvant être sincère que quand elle se retrouve seule. Là, la caméra se rapproche, nous donnant une image plus directe de la jeune femme et permettant ainsi de réaliser l’ampleur des dégâts. Quand des situations horribles se passent, par exemple la scène dérangeante où Alejandra est enfermée dans les toilettes de l’hôtel alors que ses camarades font la fête juste en dehors, la caméra reste loin, donnant une vue d’ensemble sans émettre le moindre mouvement, spectatrice du désastre. Tout au long de l’œuvre, la caméra effectue très peu de mouvements, préférant plutôt garder une même position constante. C’est ce qui vient appuyer encore une fois cet aspect d’impuissance par rapport à la situation. Les dialogues ne sont pas toujours présents, laissant place aux sons d’ambiance et au silence douloureux du deuil et de la souffrance. Dans l’ensemble, le réalisateur cherche à nous faire contempler cette descente en enfer que vit le personnage d’Alejandra en ressentant l’impuissance de son entourage. [...]